Le ciel sous vos pieds
Il arrive devant ma porte déjà fébrile et n’ose pas sonner. Je lui ouvre, il est très jeune et entre tête baissée dans mon entrée. « Je suis très timide et définitivement pas un grand bavard », c’est ce qu’il m’a dit en prenant rendez-vous. Il est fétichiste des pieds, des odeurs surtout, et il m’explique que si je l’ignore c’est encore mieux car mon regard lui pèserait beaucoup trop.
Nous commençons donc, lui totalement nu, moi en lingerie et déshabillé, le tenant en laisse. Je commence par frôler sa peau de mes orteils, et effleure aussi son sexe rapidement, pour l’éprouver un peu. Il me suit diligemment à quatre pattes lorsque je lui ordonne, puis à mes ordres s’agenouille devant moi pour me masser les pieds, pendant que je prends confortablement place dans mon fauteuil. Un peu de maladresse au début, mais il prend vite ses marques. Je suis exigeante, et le mouvement de ses doigts sur ma plante me détend, je plonge dans une torpeur agréable et sens même poindre, à mesure que ses doigts jouent sur ma peau, une certaine excitation.
Et le regard toujours baissé, son souffle s’accélère. Je sens qu’il brûle de les embrasser. Je lui ordonne de s’allonger sur le dos, sous moi, alors que je m’assois pour lire un livre. Son visage me sert de repose-pieds bien commode pour ma lecture. Mais se concentrer n’est pas toujours aisé, car sous moi, son souffle est plus fort. Mes pieds nus sentent à la fois la chaleur et la moiteur de sa peau et le contraste froid de son nez qui aspire, de ses poumons qui s’emplissent de mon odeur. Cet instant de néant quand l’autre se nourrit de vous. Je tiens mon livre, et finis par ne plus le voir, je l’oublie, je plonge dans mon histoire.
Quand un mouvement de sa part me sort de ma lecture, c’est une tempête à mes pieds.
Son sexe que j’avais à peine remarqué est désormais dur, le souffle court, dans un silence total, il avale mon odeur. Bien studieuse, accoudée sur mon fauteuil à lire, sous moi, mes pieds ne racontent pas la même histoire. Saviez-vous que l’on peut faire l’amour à des pieds ? Car ses lèvres les frôlent, son souffle les réchauffe, et bientôt, il les goûte. Sa langue les parcourt, il les suce, les embrasse, les fouille, les tète. Une fièvre. Et du garçon timide entré chez moi quelques instants plus tôt, il ne reste plus rien. J’étends mon autre pied pour effleurer son sexe pendant qu’il s’enivre de l’autre.
Il me dira une fois parti : « C’est le ciel sous vos pieds ».